Voie Régine-REYNIER

En hommage à Madame Régine Reynier (1917-2006), résistante, engagée dans la France libre.
Femme 2e guerre mondiale
Description

Régine REYNIER est née à Salon de Provence (Bouches-du-Rhône) le 15 novembre 1917, dans une famille bourgeoise. Son père est importateur de café, grand amateur de musique, il dirige la chorale de la ville et initie sa fille au chant Catholique, la famille va à la messe chaque dimanche.

Après une enfance sans histoire dans cette famille méridionale, Régine REYNIER commence sa vie d'adulte en remportant un concours de beauté du magazine Cinémonde en 1938. Sélectionnée elle monte à Paris et est immédiatement engagée pour jouer dans un film avec Ginette Leclerc et Noël Roquevert. Le film « Ils étaient cinq permissionnaires » brûlera en 1940. Elle est engagée dans une revue dont la tournée l'amène à Genève en 1941. 

Mais, lorsqu'en novembre 1942 toute la France est occupée, Régine REYNIER, dont la famille écoute clandestinement Radio-Londres, s'engage dans la Résistance. Alors, elle se promène et note. Munie d'un petit carnet, elle note tout ce qu'elle voit : les installations militaires allemandes, les déplacements et !'importances des troupes allemandes, les dépôts d'essence, les mouvements des trains, elle scrute la base militaire d'aviation allemande installée dans l'Ecole militaire de Salon de Provence, etc. Elle se fait aider par sa jeune sœur de douze ans et par quelques amis. Ils n'hésitent pas à questionner les habitants, les passants, voire des militaires, les gens se méfiant peu de ces gamins curieux.

Elle transmet ces renseignements à une adresse rue de Paradis à Marseille, ils sont ensuite transmis en Suisse, à Genève. 
Régine REYNIER ne veut plus dépendre de ses contacts de Marseille. Elle apprend que la Résistance ignore tout des installations militaires italiennes qui occupent l'île de Porquerolles. Avec quelques amis, prétextant une partie de pêche, ils arrivent à pénétrer sur l'île et à se renseigner « innocemment » sur ces installations. 

C'est munie de ses notes et croquis qu'en mai 1943, elle franchit les barbelés entre Gaillard et Thônex et tombe aux pieds de soldats suisse qui la transfèrent au camp de triage pour les réfugiés au parc des Cropettes. Elle prétend être venue clandestinement à Genève afin de rejoindre son fiancé.

Un contact rencontré à la gare d'Annemasse l'avait conduite à la frontière. Elle possède une adresse à Genève, mais la personne a déménagé. Après bien des péripéties, elle arrive à se faire entendre par le Premier lieutenant Paul de Saugy, dit Rochat.

« Directeur dès 1941 de plusieurs services de renseignements pour la Suisse et pour les Alliés, Paul de Saugy organise 3 puis 6 réseaux de renseignements qu'il dirige. Cela représente de 150 à 250 personnes qui portent et rapportent des renseignements nécessaires à la Suisse, neutre, pour se préparer à toute éventuelle invasion par les forces de l'Axe et aux Alliés pour leurs actions en vue de futurs Débarquements. (Radio Télévision Suisse. Espace 2 "Chemins de Terre", Entretien avec Paul de Saugy, Espion en Helvétie (1 /2) & (2/2) enregistrées les 5 et 12 juin 1999) »

Régine REYNIER lui raconte ses aventures, parle de ses activités, de son engagement pour la libération de la France, lui remet ses notes et ses croquis et arrive à convaincre cet officier suisse de son utilité pour le service de renseignements. Il lui fait confiance et lui confie une mission d'observation sur la côte atlantique, plus précisément en zone interdite du côté de Bayonne et de Biarritz. 

De rencontres en rencontres, munie d'un carnet, d'un crayon, d'un remarquable don d'observation, d'une grande mémoire et de beaucoup d'aplomb, Régine REYNIER rempli le rôle qui lui a été confié. Elle revient à Genève utilisant un chemin clandestin près de Cara, franchit murs et barbelés. Paul de Saugy lui a donné un numéro de téléphone pour l'atteindre directement. Elle l'utilisera à chaque retour de mission. Il y en aura beaucoup. Elle apprend aussi à se méfier de nouvelles rencontres. 

A Salon-de-Provence, deux de ses amis ont réussi à se faire embaucher dans la base militaire d'aviation allemande. Ils y récoltent des renseignements qui sont transmis aux Alliés par l'intermédiaire de Régine REYNIER et les réseaux de Paul de Saugy. Le 17 août 1943, à midi trente, l'aviation anglaise attaque l'Ecole militaire, détruisant 144 Junkers, des batteries de DCA et cinq citernes d'essence. Régine REYNIER avait demandé que l'attaque ait lieu à l'heure du repas afin d'épargner la vie du personnel français travaillant sur cette base.

Notre héroïne sera le numéro 10021 du réseau Ajax. Elle collaborera avec des Résistants célèbres Raymond Lévy dit« Brival », Jean Marini, Jacob Van Niftrik, Simon Cotoni, Fernand Savoye, Gabriel Rykner, Joseph Cathala, Léon Mégevand, d'autres encore. Leur tête est mise à prix par la Gestapo, plusieurs seront arrêtés, fusillés ou mourront en déportation. Après la guerre Régine REYNIER rencontrera Achille Peretti, le chef du réseau Ajax. 

Régine REYNIER transporte documents, courrier compromettant, exfiltre et cache des personnes recherchées : Résistants, Juifs, fabricants de faux papiers, etc. Elle frôlera l'arrestation, la torture, la déportation et la mort. Elle possède de faux papiers et sera parfois Raymonde Roulier ou Régine Savigny. 

Les archives de Genève détiennent des centaines de pages sous les noms de Régine REYNIER et Paul Frossard de Saugy. Elles nous renseignent sur les activités de ces derniers, par exemples :

  • Plan de défense allemand dans le nord de la France en cas de débarquement allié" (2 exemplaires).
  • Récit fait par un Alsacien, sous-officier dans l'armée française, libéré de captivité en août 1940 et enrôlé dans la Wehrmacht en avril 1943.
  • Description et fonctionnement de l'arme secrète allemande.

Régine REYNIER a été décorée de la Croix de Guerre avec citation à l'Ordre du Corps d'Armée par le Général de Gaulle, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille commémorative des services volontaires de la France Libre. 

A la fin de la guerre Régine REYNIER épousa Paul Frossard de Saugy. Installée à Genève, elle tiendra pendant plusieurs années un magasin de porcelaine et de cristaux« La Farandole », dans la vieille ville. 

Recherches de Claire Luchetta-Rentchnik (2024)
Sources:  

  • Le sac en bandoulière », roman vrai écrit par Michèle Stroun, éd. JR. 1986
  • Radio Télévision Suisse. Espace 2 "Chemins de Terre", Entretien avec Paul de Saugy, Espion en Helvétie (1 /2) & (2/2) enregistrées 5 et 12 juin 1999
  • Weidner Foundation for altruism, Weidnerfoundation.org
  • Archives cantonales de Genève
     
Définition de l'Arrêté du Conseil d'État
à la portion de voie verte de Genève à Annemasse, entre la rue Berthe-VADIER et le chemin de Grange-Canal.
Anecdote(s)
  • Le livre "LE SAC EN BANDOULIERE" roman vrai d'un temps de guerre 1942-1944. ... L'auteure, STROUN Michèle, brosse le portrait de Régine Reynier de Saugy.