Place Noëlla-ROUGET

En hommage à Noëlla-ROUGET (1919-2020) résistante.
Femme
Description

Née Peaudeau le 25 décembre 1919 à Saumur en France et décédée le 22 novembre 2020 à Genève, Noëlla Rouget est une résistante française, déportée au camp de concentration de Ravensbrück pendant la Seconde Guerre mondiale.

Installée à Genève depuis 1947, elle témoigne de son expérience pendant plus de vingt ans dans les écoles genevoises.

Née dans une famille française très catholique, Noëlla Peaudeau est la fille de Clément Peaudeau, forgeron aux chemins de fer, et de Marie Bossard, couturière puis femme au foyer. Elle grandit principalement à Angers, où sa famille s’installe en 1927. Quand la ville tombe sous l’occupation allemande en juin 1940, elle est institutrice au pensionnat Saint-Laud, où elle a passé toute sa scolarité. Ayant beaucoup de mal à accepter la restriction des droits et des libertés, elle s’engage dans la Résistance. Elle distribue, puis reproduit des tracts et devient agente de liaison, transportant des valises et des lettres à vélo. Selon les certificats établis après la guerre, elle aurait appartenu au réseau de renseignement Honneur et patrie, ainsi qu’à une autre organisation, Alexandre-Privet, directement liée aux services secrets britanniques.

Le 23 juin 1943, elle est arrêtée chez elle par la Gestapo, deux semaines après son fiancé, Adrien Tigeot, lui aussi résistant. Elle est d’abord enfermée à la prison du Pré-Pigeon, à Angers, avant d’être transférée au Frontstalag 122, camp de transit situé à Compiègne, dans l’Oise. Le 31 janvier 1944, elle est déportée au camp de Ravensbrück, à 80 km au nord de Berlin. Très affaiblie par les privations et les maladies, elle est affectée à différentes colonnes de travail et aurait échappé à plusieurs reprises aux chambres à gaz. En avril 1945, elle fait partie d’un premier convoi de 300 Françaises libérées en échange de 464 internés civils allemands. Elle ne pèse alors que 32 kg et souffre d’adénite tuberculeuse. À son retour dans sa famille à Angers, elle reçoit la lettre que son fiancé lui a écrite avant d’être fusillé le 13 décembre 1943, dans laquelle il lui demande de l’oublier, de vivre et d’aimer à nouveau. Sa santé ne s’améliorant pas, Noëlla Peaudeau séjourne pendant trois mois en convalescence dans le chalet La Gumfluh à Château-d’Oex, à l’initiative de Geneviève de Gaulle, avec qui elle s’est liée d’amitié à Ravensbrück. C’est là qu’elle rencontre son mari, André Rouget. Elle s’installe avec lui à Genève en 1947.

Noëlla Rouget garde tout d’abord le silence sur son expérience de la déportation. Elle entretient toutefois des contacts étroits avec d’autres anciennes déportées, comme Geneviève de Gaulle, et s’implique de plus en plus dans l’Association de déportées et internées de la Résistance (ADIR). Elle devient d'ailleurs la déléguée de la section suisse de l’ADIR, créée à sa demande en 1965. À la même période, elle témoigne au procès de Jacques Vasseur, ancien collaborateur français et auxiliaire de la Gestapo accusé d’avoir participé à son arrestation, ainsi qu’à celle de plusieurs centaines d’autres résistant-e-s dans la région d’Angers. Affirmant son opposition à la peine capitale, Noëlla Rouget écrit au président du tribunal puis au Général de Gaulle, qui lui accorde la grâce présidentielle et commue la condamnation à mort de Jacques Vasseur en peine d’emprisonnement.

En août 1986, Noëlla Rouget prend publiquement position dans une « Lettre ouverte » publiée par la Gazette de Lausanne en réponse aux doutes exprimés par Mariette Paschoud, enseignante d’histoire et de français au Gymnase de la Cité à Lausanne, quant à l’existence des chambres à gaz. Sollicitée par des établissements scolaires, Noëlla Rouget commence alors à raconter son expérience des camps de concentration aux élèves de Suisse romande et de France voisine. A partir de 1970, et jusqu’en 2015, Noëlla Rouget tient également chaque année un discours à l’occasion de la commémoration de la victoire des Alliés le 8 mai devant le monument aux morts du consulat de France.
Par son engagement, Noëlla Rouget, l’une des dernières survivantes des camps de concentration, contribue à perpétuer la mémoire de la Résistance et de la déportation sur le territoire genevois, en particulier auprès de la jeunesse.

Elle décède le 22 novembre 2020 à la maison de retraite Les Bruyères, à Genève.

Elle repose aujourd'hui au cimetière des Rois.

Le 7 juillet 2021, le Conseil d'Etat genevois honore sa mémoire en donnant le nom : Ecole Noëlla-ROUGET à un nouveau bâtiment scolaire de l'enseignement secondaire à Meyrin.

Sur demande de la Ville de Genève et après validation par la commission cantonale de nomenclature (CCN), le Conseil d'Etat a approuvé le changement de nom de neuf rues ou espaces publics au profit de personnalités féminines. Ces modifications s'inscrivent dans la continuité du projet "100 Elles*", lancé en 2019 et visant à apposer cent plaques de rues portant des noms de femmes marquantes.
Le Conseil d'Etat se réjouit ainsi de pouvoir donner suite à la motion intitulée "Pour une reconnaissance dans l’espace public du rôle joué par les femmes dans l’histoire genevoise". Conscient de l'importance de cette thématique et en lien avec la réponse à cette motion, le gouvernement a également modifié le règlement sur les noms géographiques et la numérotation des bâtiments afin de simplifier la possibilité de dénomination pour des personnalités ayant marqué l'histoire de Genève en privilégiant les noms de femmes, que ce soit pour les rues ou pour les établissements secondaires supérieurs de formation générale (voir point presse du Conseil d'Etat).
Définition de l'Arrêté du Conseil d'État
La portion de la rue Jean-SENEBIER (côté parc des Bastions) est renommée Place Noëlla-ROUGET dès le réaménagement du tronçon en place.
Anecdote(s)