Chemin Rosette-WOLCZAK
Née le 19 mars 1928 à Paris dans une famille juive, Rosette Wolczak se réfugie à Genève en 1943 pour fuir les persécutions nazies. Trois semaines plus tard, elle est cependant refoulée par les autorités militaires genevoises à la frontière franco-suisse pour une affaire « de moeurs ». Arrêtée par une patrouille allemande, elle est déportée et assassinée à son arrivée au camp de concentration d’Auschwitz, en Pologne, le 23 novembre 1943.
Née dans une famille juive d’origine polonaise, Rose Wolczak – sa famille la surnomme Rosette – est la fille de Zlata Welner, couturière, et de Zelig Wolczak, tailleur et militant syndical. Elle grandit à Paris où elle effectue toute sa scolarité primaire. En 1941, pour fuir les persécutions contre les personnes juives dans la capitale occupée par les Allemands, elle s’installe avec sa famille en zone libre, à Lyon. Elle commence un apprentissage de couturière. Après l’invasion allemande de la zone libre en novembre 1942, Rosette Wolczak et sa famille se réfugient à Pont-de-Claix, près Grenoble. La région est alors sous occupation italienne et la communauté juive y est relativement protégée.
Le 8 septembre 1943, la signature de l’armistice par l’Italie et la réoccupation immédiate de la zone par l’armée allemande bouleversent la relative sécurité dont bénéficiait pendant un temps Rosette Wolczak et sa famille. Rosette Wolczak, âgée de quinze ans, est alors envoyée par ses parents en Suisse où elle doit rejoindre un cousin qu’elle ne connait pas. Elle traverse clandestinement la frontière franco-suisse le 24 septembre 1943 au soir depuis le petit village haut-savoyard de Norcier, avec l’aide du Mouvement de la jeunesse sioniste, qui organise le passage en Suisse de plusieurs centaines d’enfants pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est prise en charge le soir même par les gardes-frontières, interrogée une première fois et menée au camp de triage installé dans l’école des Cropettes.
Selon les directives fédérales en vigueur à ce moment-là, elle aurait dû être accueillie, car elle est âgée de moins de 18 ans. Pourtant, transférée le 30 septembre 1943 au camp de La Coulouvrenière dans le quartier de la Jonction, elle est emprisonnée à Saint-Antoine sept jours plus tard pour « délit contre les moeurs ». Selon le dossier d’enquête et les interrogatoires conservés, elle aurait été découverte au lit avec un jeune réfugié français et a vraisemblablement été victime de harcèlement et de violences sexuelles de la part de plusieurs autres hommes. Elle est toutefois inculpée de « provocation à la débauche » au terme d’une procédure très rapide et le commandant de l’arrondissement ordonne son refoulement. L’officier de police Daniel Odier transmet cet ordre à la section de police en soulignant qu’il doit être exécuté « le plus rapidement possible », car Rosette Wolczak s’est montrée « indigne de l’hospitalité suisse ». Le 16 octobre 1943, elle est donc refoulée par le gué de la Laire au Moulin de la Grave, vers Sézegnin, à peine trois semaines après son entrée en Suisse.
Trois jours plus tard, elle est arrêtée par une patrouille allemande et envoyée dans la prison du Pax à Annemasse, avant d’être transférée au camp de Drancy. Le 20 novembre, elle est déportée à Auschwitz dans le convoi n° 62. Elle n’en reviendra pas : elle est gazée à son arrivée le 23 novembre 1943. Sa famille, qui a survécu cachée durant toute la durée de la guerre, n’apprend qu’en juillet 1945 son refoulement, sa déportation et sa mort à Auschwitz.
Rosette Wolczak, comme beaucoup d’autres, a été victime de la politique d’immigration extrêmement restrictive menée par la Suisse durant le conflit mondial, ainsi que de l’arbitraire sexiste et xénophobe de quelques officiers responsables du contrôle des frontières et de l’accueil des réfugié-e-s.
Le 27 janvier 2016, à l’initiative de Claire Luchetta-Rentchnik, une plaque commémorative est apposée devant l'école primaire des Cropettes en mémoire des personnes juives refoulées à la frontière pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le Conseil d'Etat se réjouit ainsi de pouvoir donner suite à la motion intitulée "Pour une reconnaissance dans l’espace public du rôle joué par les femmes dans l’histoire genevoise". Conscient de l'importance de cette thématique et en lien avec la réponse à cette motion, le gouvernement a également modifié le règlement sur les noms géographiques et la numérotation des bâtiments afin de simplifier la possibilité de dénomination pour des personnalités ayant marqué l'histoire de Genève en privilégiant les noms de femmes, que ce soit pour les rues ou pour les établissements secondaires supérieurs de formation générale (voir point presse du Conseil d'Etat).
- Plus d'informations sur le projet 100elles*
- L'arrêté relatif à la rebaptisation d'artères sur le territoire de la commune de Genève du 6 décembre 2023 (7840-2023) contenait des erreurs de plume, la version du 14 août 2024 le remplace.