Chemin Jeanne-LAVERGNAT

En hommage à Mme Jeanne LAVERGNAT, "Juste parmi les Nations".
Femme
Description

Madame Jeanne LAVERGNAT (1920-2015) et son mari, Arthur, exploitaient une ferme à Troinex, au lieu-dit Pierre-Grand, à proximité de la frontière. Aidée de son époux, Mme LAVERGNAT a permis à de nombreux juifs de passer la frontière par un trou creusé dans les barbelés ; elle hébergea également certains réfugiés et sauva ainsi de nombreuses vies.

Maraîcher né sur la commune de Bossey, en Haute-Savoie, dont son père était le maire, Arthur Lavergnat exploite avec sa femme Jeanne, au lieu-dit "Pierre-Grand", près de Troinex (Genève), une ferme située en bordure de la frontière.

La zone était particulièrement propice pour effectuer des passages à travers la frontière. Elle s'étendait depuis le Rhône jusqu’à la rive française du lac Léman et qui est longue de 60 km. Sur cette large bande de terrain, l’horizon y est assez dégagé et de nombreuses constructions se trouvent à cheval entre la France et la Suisse. Le secteur le plus perméable, et donc le plus emprunté, se trouvait entre la commune d’Étrembières et la commune de Collonges-sous-Salève.

A cette époque, de nombreux Juifs tentent désespérément de passer en Suisse, mais la présence massive de soldats allemands – mais aussi de gardes-frontières - rendent l'entreprise particulièrement périlleuse. Plusieurs témoignages concordants révèlent cependant qu’au mépris du danger, et participant à une filière mise en place par le curé Marius Jolivet, le couple de fermiers fit passer en cachette une quarantaine de groupes de Juifs.
Dans son témoignage d'après guerre, Rolande Birgy, une résistante qui guidait les Juifs, raconte que plus d'une fois Jeanne et Arthur Lavergnat ne se contentèrent pas d'escorter les malheureux fuyards, mais qu'ils les hébergèrent pendant quelques jours, jusqu'à ce qu'ils puissent franchir la frontière en toute sécurité.

De nombreux témoignages indiquent que Jeanne et Arthur Lavergnat ont fait passer au moins 40 groupes de Juifs de France en Suisse. D'abord, il coupait un trou dans la clôture de barbelés autour de sa ferme, puis la camouflait avec des branches pour la cacher aux Allemands.

Lorsque Jeanne et Arthur Lavergnat étaient informés de l'arrivée de réfugiés, il les attend à la clôture. S'ils pensaient que les Allemands étaient trop proches, ils avertissaient la Résistance du côté français de reporter l'opération à un moment plus propice.

Les actions de Jeanne et Arthur Lavergnat étaient doublement risquées. Alors que tous les guides frontaliers étaient en danger, les mouvements de Jeanne et Arthur Lavergnat étaient particulièrement faciles à surveiller car il vivait le long de la frontière. De plus, des soldats allemands avaient établi un poste d'observation permanent au château de Bossey, à portée de voix et à distance de tir de sa ferme et, surtout, de la clôture par laquelle les réfugiés étaient déplacés.

Arthur Lavergnat n'a jamais su, pendant qu'il amenait des fugitifs à la frontière, si un soldat ne le tenait pas dans sa ligne de mire.

En avril 1944, Jacques Pulver, directeur de la Ferme école des Ormes à Lautrec (Tarn), et sa femme Monique Pulver, résistants juifs EIF et leurs jumelles Aline et Myriam nées en 1941 ainsi qu'une vieille parente à eux furent aidés par Rolande Birgy, Marius Jolivet et Jeanne et Arthur Lavergnat. Ils arrivent à Bossey où ils sont cachés dans le presbytère du curé durant plusieurs heures avant de passer la frontière vers la Suisse.

  • Le 27 mai 1983, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Rolande Birgy le titre de Juste parmi les Nations.
  • Le 6 novembre 1986, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marius Jolivet le titre de Juste parmi les Nations.
  • Le 31 mai 1990, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeanne et Arthur Lavergnat le titre de Juste parmi les Nations.
  • La médaille et le diplôme d'honneur furent remis (à titre posthume pour Arthur) le 27 avril 1998 à Berne.
  • En 2011, la commune de Troinex lui a remis le Mérite communal. Elle restera toutefois toujours d'une grande modestie, rappelant régulièrement: « Nous n'avons fait qu'accomplir notre devoir, ce qui nous paraissait tout simplement normal à l'époque. Je ne mérite pas que l'on parle de moi ».

 

Définition de l'Arrêté du Conseil d'État
à la voie sans issue commençant à la route de Troinex 74, au lieu-dit Les Crêts (côté Jura de la parcelle 11325).
Anecdote(s)
  • Lien sur le site Patrimoine juif genevois, association pour la sauvegarde, la valorisation et la promotion du patrimoine juif franco-genevois
  • Lien sur le site de l'ajpn.org - Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie dans les communes de France