Rue des Granges

Ce nom est un allusion aux bâtiments rustiques au-dessus de la rampe de la Treille
Ouvrage / bâtiment
Description

Ce nom est un allusion aux bâtiments rustiques qui étaient semés sur les escarpements au-dessus de la rampe de la Treille et de la place Neuve. La Seigneurie y possédait un certain nombre de granges dépendant sans doute de la maison-fort de Saint-Aspre, acquise au XVIe siècle.

Définition de l'Arrêté du Conseil d'État
Secteur 001 : 78 Rue des Granges
- Place du Grand-Mézel / Rue Henri-FAZY
Anecdote(s)
  • Dans l'ouvrage "Genève, vieille-ville, vieilles rues" de Christian Vellas et Gérard Chardonnens, nous trouvons une jolie description historique de cette rue :

    "Attention ! Ici il nous faut changer d'accent et parler avec celui si typique de la "Rue des Granges". Qui était hier celui de l'aristocratie genevoise, précieux comme il se doit, tout l'opposé des intonations traînantes de la population de Saint-Gervais. Cette rue qui suit le sommet de la colline de la Vieille Ville, et abrite toujours des adresses prestigieuses, a pourtant une origine paysanne. Son nom le prouve. Au XVIIe siècle, elle était bordée d'étables et d'écuries. Il fallait du lait, et des chevaux, pour le gratin qui habitait la Grand'Rue toute proche. Auparavant, elle s'appelait les "Crêts de la Chauvinière", et son versant sud-ouest, fort raide, était planté de "hutins" pour maintenir le sol. Qu'étaient ces hutins ? Le terme signifie "opiniâtre" en vieux français, et on sait qu'un roi de France, Louis X, avait été surnommé le Hutin. L'explication genevoise est ailleurs : il s'agit en fait de vignes montées sur cadres et tonnelles, comme on en trouve par exemple en vallée d'Aoste. De nombreuses familles de notre région portent aujourd'hui ce nom qui tinte comme un verre plein. Se promener dans la rue des Granges équivaut à remonter jusqu'à une des époques les plus prospères de Genève, le début du XVIIIe siècle. De grandes fortunes se bâtirent alors, en partie grâce à un joli coup de bourse que l'on appellerait aujourd'hui un "délit d'initié". Plusieurs familles genevoises avaient placé d'importants fonds dans la fameuse banque du financement écossais John Law, qui venait de créer en France un établissement de dépôt et d'escompte promettant des rendements faramineux. Peu avant 1720 (date de la banqueroute de Law), Thellusson, qui était alors ministre de la République de Genève à Paris, avertit ses amis genevois que les risques devenaient grands. Ceux-ci vendirent alors leurs actions au plus haut cours, réalisant de gros bénéfices. Le danger savoyard étant également écarté, on put construire à tour de bras, entre 1719 et 1724, une succession de magnifiques hôtels particuliers (on a murmuré qu'ils coûtèrent si chers, que leurs propriétaires brûlèrent les comptes pour en cacher le prix !). Il faudrait tous les citer. Les numéros 2, 4, et 6, par exemple, de style Louis XV, dont les plans sont dus à l'architecte Jean-Jacques Dufour, furent édifiés pour Jean de Sellon et ses beaux-frères Pierre et Gaspard Boissier. Les superbes façades qui dominent la place Neuve ont enthousiasmé Stendhal, qui affirmait qu'elles étaient les mieux situées d'Europe."
    Contribution InterroGE, répondue le 05.02.2014